Hypnothérapie, thérapie individuelle et atelier de groupe
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Une simple remarque, un souvenir, une incertitude… et soudain, la tempête. La gorge se serre, le cœur s’emballe, la colère monte, ou l’angoisse nous submerge. Chacun de nous connaît ces moments où l’émotion devient trop forte, trop rapide, presque incontrôlable. Il ne s’agit pas d’une réaction isolée mais d’un phénomène universel : nos émotions prennent parfois le dessus sur nous.
Mais pourquoi cela se produit-il ? Qui est vraiment aux commandes dans ces moments-là ? Sommes-nous victimes de notre biologie, de notre passé, des autres ? Ou portons-nous une part de responsabilité ? Enfin, que faire pour retrouver calme et lucidité sans réprimer ou fuir ce que l’on ressent ? Cet article propose une plongée dans le mécanisme émotionnel, avec un éclairage philosophique et psychologique, pour comprendre comment s’apaiser sans se fuir.
Les émotions sont des réactions bio-psycho-sociales rapides, conçues pour favoriser notre survie. La peur nous pousse à fuir, la colère à nous défendre, la tristesse à demander du soutien. Elles mobilisent le corps : accélération cardiaque, tension musculaire, afflux d’adrénaline.
Le cerveau limbique, siège émotionnel ancestral, agit bien plus vite que le cortex rationnel. Lorsqu’un stimulus (un mot, une image, une situation) est perçu comme une menace ou un enjeu majeur, l’amygdale s’active et court-circuite notre raisonnement. Le corps réagit en quelques millisecondes — bien avant que nous ayons pu “penser”.
Nous sommes envahis lorsque l’intensité de l’émotion excède notre capacité à la contenir ou à la nommer. Ce seuil varie selon notre histoire, notre fatigue, notre sensibilité personnelle. Un mot banal peut réveiller une blessure ancienne, un ton de voix peut ranimer une mémoire émotionnelle d’enfance.
Ainsi, nous ne réagissons pas seulement à ce qui se passe ici et maintenant, mais à ce que cela réveille en nous. C’est pourquoi deux personnes face à la même situation peuvent réagir de façon diamétralement opposée.

« Tu m’énerves », « Tu me fais peur », « Tu me rends triste » : notre langage reflète une tendance à projeter sur l’extérieur la cause de ce que nous ressentons. Mais cette illusion est dangereuse. Elle nous fait croire que notre bien-être dépend des autres, et que nous n’avons aucun pouvoir sur nos réactions.
En réalité, l’autre est souvent un déclencheur, pas une cause. Ce qui se passe en nous vient de nos attentes, nos blessures non digérées, notre interprétation. Si une remarque nous blesse, ce n’est pas la remarque en elle-même qui a du pouvoir, mais ce qu’elle vient toucher en nous.
Assumer la responsabilité de ce que nous ressentons ne veut pas dire se blâmer. Il s’agit de reconnaître que nous avons un espace de liberté intérieure, une possibilité de répondre autrement. Viktor Frankl, psychiatre et rescapé des camps de concentration, disait :
« Entre le stimulus et la réponse, il y a un espace. Dans cet espace réside notre pouvoir de choisir notre réponse. »
Cette responsabilité est un pouvoir. Elle nous redonne les clés de notre vie émotionnelle.
Une émotion que l’on refoule ne disparaît pas : elle se déplace ou s’amplifie. Le refus de ressentir la peur peut conduire à des accès d’agressivité. La tristesse non exprimée se transforme parfois en fatigue chronique, ou en désintérêt. En niant nos émotions, nous les laissons agir dans l’ombre.
Plus nous luttons contre une émotion, plus elle insiste. C’est ce que les psychologues appellent « la lutte secondaire » : une souffrance provoquée non par l’émotion elle-même, mais par notre résistance à la vivre.
Parfois, ce qui nous envahit, ce n’est pas l’émotion primaire (tristesse, peur, colère), mais une émotion secondaire : honte d’être triste, peur d’avoir peur, culpabilité d’être en colère. Ces couches émotionnelles nous enferment dans un cycle auto-renforcé. Nous sommes alors envahis par notre propre jugement sur nos émotions.

Marc Aurèle et Épictète nous rappellent que ce qui trouble l’homme, ce ne sont pas les choses, mais les jugements qu’il en fait. L’émotion n’est pas un ennemi, mais un signal à interpréter. La sagesse consiste à distinguer ce que l’on peut maîtriser (nos pensées, nos choix) de ce que l’on ne peut pas contrôler (les autres, les événements).
Ainsi, accueillir une émotion, c’est commencer par la reconnaître sans l’exagérer. Elle n’est ni mauvaise, ni éternelle. Elle passe, comme un nuage dans le ciel.
Pour Spinoza, l’émotion (“l’affect”) est une variation de notre puissance d’exister. La tristesse nous diminue, la joie nous augmente. Mais nous ne sommes pas condamnés à la passivité. Plus nous comprenons les causes de nos émotions, plus nous redevenons actifs.
Comprendre, c’est transformer une passion (subie) en action (maîtrisée). L’apaisement vient de la connaissance de soi, pas du contrôle par la force.
Commencez par nommer ce que vous ressentez, avec précision : est-ce de la peur ? de la frustration ? de la solitude ? Évitez les généralités (“ça va pas”) et cherchez le mot juste. Le simple fait de mettre des mots sur l’émotion active le cortex préfrontal et réduit l’activité de l’amygdale. C’est prouvé par les neurosciences : verbaliser apaise.
Le corps est le théâtre de l’émotion. Respirer profondément, marcher, faire une pause, sentir ses appuis… sont des manières de rappeler à notre système nerveux que le danger est passé. Une respiration cohérente (inspiration 4s, expiration 6s) active le nerf vague et favorise un retour à l’équilibre.
L’émotion est un messager. Accueillez-la comme telle. Posez-vous la question : « Qu’est-ce que cette émotion essaie de me dire ? » Peut-être qu’elle exprime un besoin non satisfait (de sécurité, de reconnaissance, d’autonomie…). En l’écoutant, vous cessez de la subir.
Écrire ce que l’on ressent, ou en parler à une personne de confiance, permet de transformer l’émotion brute en récit. Ce processus symbolique donne du sens, du recul, une forme. Ce qui était flou devient lisible.
Un corps épuisé, un esprit stressé, une vie déséquilibrée rendent les émotions plus intenses. Sommeil, alimentation, activité physique, lien social : notre hygiène de vie influence fortement notre capacité à réguler nos émotions. Il ne s’agit pas seulement de faire face à la tempête, mais d’éviter qu’elle ne s’annonce chaque jour.
Être envahi par une émotion n’est pas un échec. C’est un appel de notre psyché à prêter attention à quelque chose d’important. La peur nous indique un besoin de sécurité, la colère un besoin de respect, la tristesse un besoin de réconfort.
Nous devenons nos propres ennemis lorsque nous rejetons, jugeons ou ignorons nos émotions. Mais nous redevenons nos alliés lorsque nous écoutons ce qu’elles nous révèlent, et que nous choisissons une réponse consciente, respectueuse, ancrée.
S’apaiser, ce n’est pas devenir indifférent. C’est accueillir pleinement ce qui est vivant en nous, et en faire une force plutôt qu’un fardeau.
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